Écrit par : Charly Dupasquier
Crédit photo : Charly Dupasquier et Tony Charest
© Photo : Charly Dupasquier
Encore dans cette période de pandémie, plus que jamais nous avons besoin d’un retour à la nature, d’une reconnexion intrinsèque avec elle. En 2021, après un isolement difficile, je décide de m’enivrer à Charlevoix. Un hic, vous me direz ? La température ce week-end là s’annonce mauvaise. Est-ce vraiment un hic ? Je vous partage alors mes ressentis... qui n'ont pas changés un an après, alors que je retourne au même endroit avec mon amoureux, et sous la même température !
“Il n'y a pas de mauvaises températures, juste des gens mal habillés.” (a toujours dit mon papa !)
Si cela fait quelques semaines que vous avez prévu un week-end de randonnée / camping, mais au moment tant attendu, la pluie s’avère menaçante ? N’annulez surtout pas votre sortie. Plutôt que de maudire le tonnerre, apprenons plutôt à danser sous la pluie ! Enfin, à marcher sous les larmes de Tlaloc. Et avec le sourire parce que la nature est magnifique même sous la pluie. Et tout en gambadant les souliers plein de bouette, disons-nous que l’eau, c’est la vie. À chaque goutte qui perle sur notre visage, la nature sera d’autant plus luxuriante demain. Cela me fait penser à une phrase que m’a répété souvent mon papa quand j’étais petite et que nous randonnions ensemble : « Il n’y a pas de mauvais temps, ma fille, il n’y a que du mauvais équipement ou des gens mal habillés». Et Charlevoix nous réserve bien des surprises !
C’est au dépanneur du Lac Brûlé à Saint-Aimé-du-Lac que les droits d’accès pour les Monts Morios s’achètent, avant de se s’engouffrer sur un sentier de gravelle que votre auto n’appréciera pas toujours. Le paysage est déjà délectable et j’ai hâte que mes souliers foulent le sentier sur cette ascension qui promet de nous mettre plein la vue.
Il est coutume de planter sa tente près du parking au départ du mont. Peu de monde sont présents sous cette température mais habituellement, la notoriété du mont nous surprend quelque peu et pas tant que ça à la fois ... Nous nous éloignons proche d’une rivière pour bivouaquer à 1 ou 2 km. Le lieu est de toute beauté et nous nous endormons paisiblement après un bon souper, avec les piqures des brûlots et le chant de la rivière. Demain les monts Morios seront sous mes pieds.
Dans ma tête, je faisais le grand tour de 29 km à travers le sentier des chutes montant au sommet des Morios en une seule journée. Mais le conseil était bon : rien ne sert de courir si tu ne peux pas apprécier le paysage qui t’entoure, les yeux rivés sur tes bottes. Je reviendrai donc cet automne pour le réaliser sur deux jours afin de prendre le temps de le vivre et de le contempler en campant au sommet.
725 m de dénivelé sur 11 km sur une boucle passant par les Morios sud et nord. Il pleut, et pis ?! L’ascension est magnifique mais technique sur le sentier expert glissant et bouetteux. Je conseille de le monter et non de le descendre sous cette température.
Je me délecte du petrichor... l’odeur spécifique de la terre après la pluie.
Arrivée presque au sommet Sud, j’aperçois au loin le lac Boudreault où nous avons campé cette nuit et d’où je suis partie il y a 1h30 en solo ... WoW ! Le mont Morios Sud offre un panorama époustouflant sur 360 degrés. Une vue splendide sur le Mont Nord d’un côté et de l’autre le Mont Dufour et le Pic de l’aigle. La pluie a cessé. La brume d’après se lève depuis la vallée et m’enveloppe d’un drap laiteux, mais j'ai eu le temps d'apprécier la vue. Je prends une pause dans ce nuage de paix.
Je longe ensuite les crêtes jonchées d’Inukshuk afin d’atteindre le gros mont Nord. Lors de la descende, la pluie bat de nouveau son plein et la brume me rejoint encore. Mes yeux se sont déjà régalés de la vue, je suis prête à me faire envelopper par ce nuage humide et froid de nouveau. La pluie est rafraîchissante sous cette chaleur. Lors de températures variables et humides, le goretex est notre meilleur ami. Cependant, lorsque vous avez des vêtements de rechange et qu’il fait très chaud en période estivale et que vous ne bivouaqué pas le soir venu, je vous conseille de vous laisser rafraîchir par la pluie plutôt que de suer dans votre goretex. Bien chaussée dans mes Lowa, mes pieds sont au sec. Il fait si chaud que je me laisse tremper. Le principal à garder au sec ce sont mes pieds et mon sac grâce à son capuchon hydrofuge.
La température pluvieuse donne une lumière mystérieuse au sous-bois. C’est une aura que j’apprécie tout particulièrement. Que ce soit entre amis.es, en solo, en couple ou en emmenant vos enfants randonner sous la pluie, ils apprécieront sûrement de sauter dans la bouette laissée par les dédales d’eau de ruissellement. Vous aussi. Du bon temps en pagaille qui laisseront à tous, des souvenirs joyeux et indélébiles.
Cette lumière énigmatique me fait penser à de sage parole de Confucius : « Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres ». Une proposition à regarder l’orage et la pluie sous un autre angle, celui qui nous montre à quel point les rayons du soleil qui percent ensuite sont si délectables ! Mais aussi à quel point l'eau est une richesse, d'une importance capitale pour la nature, surtout avec l'avenir d'un réchauffement climatique déjà palpable.
Prenez du plaisir en plein air sous toutes les températures, votre âme d’enfant s’en réjouira ! Je retire ainsi une immense satisfaction de cette cavale sur les hauteurs de Charlevoix.
© Photo : Charly Dupasquier et Tony Charest - un an plus tard en 2022, sous la même température au sommet.
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