top of page

Expédition 4 jours en Canot-camping, ZEC Martin-Valin

Écrit par : Charly Dupasquier

Crédit photo : Charly Dupasquier, Tony Charest et Pat Picard.

© Pat. Picard et Charly Dupasquier


Cette année 2021, une maladie blessure oblige mon corps à vivre à un rythme plus doux. Attaquant le bas du corps, notre expédition automnale s’est tournée vers le canot camping à la découverte d’un réseau hydrographique magnifique. Au rythme de l’eau, sans stress ni objectif de performance, nous sommes parties nous ressourcer 4 jours sur les lacs et les rivières de la ZEC Martin Valin.


Étant très à l’aise dans nos compétences en orientation et canotage, nous avons tracé notre parcours en utilisant à la fois les circuits existants tout en improvisant. Au total, nous avons parcouru 35 km en 4 jours, parfois sous un vent de face nous donnant du fil à retordre. À cela s’ajoutent 2,8 km de portage, comprenant plusieurs allers-retours avec le matériel sur le dos, et le transport des canots.


Cette lenteur dans le voyage nous a permis de se reconnecter à nous-même et à la nature, tous nos sens en éveil. Nous avons misé sur la qualité, plutôt que la quantité. Afin d’apprécier les splendeurs de la nature, ses odeurs et réaliser à quelle point la ressource sur laquelle nous naviguons est d’une importance capitale à l’aube d’un réchauffement climatique imminent.

 
  • Accès : Chemin de la ZEC Martin Valin, Sainte-Rose du Nord (QC).

  • Territoire de plus de 650 lacs, une ressource en eau et en biodiversité inestimable!

  • Plusieurs expéditions allant de 2 à 7 jours sont possibles, à travers divers lacs et portages sur la partie Nord-ouest du territoire.

  • Tarification : droit journalier de 11,35$, ajoutez 12,75$ par nuit pour les emplacements de camping sauvage, et si besoin, la location de canot (3 jours pour 56,18 $ à 7 jours pour 89,90$). Prix sujets à changement suivant la saison.

  • Les droits d’entrée inclus le service de secours en région éloignée de Airmédic.

  • Conseil : imprimer en grand la carte au préalable et plastifiez-la avant votre départ, la ZEC ne vous fournit qu’une copie papier noir et blanc.

  • Débarcadère à canot au Km 40 sur le territoire Ouest.

  • Auberge 31, où l’hébergement, la douche et un bar-restaurant sont disponibles, ainsi que le Wifi et le téléphone d’urgence.

 

Jour 1 : Trajet d’accès et première nuit sous les étoiles de la ZEC Martin Valin :


Départ de Rivière-du-Loup par la Traverse jusqu’à Saint-Siméon puis Baie Sainte-Catherine. S’ensuit 2 heures de route le long du fjord du Saguenay pour prendre la direction de la ZEC. Après notre enregistrement auprès du personnel fort chaleureux, nous devons emprunter une route de terre jusqu’au km 40, le point de départ de notre mise à l’eau.


Nous arrivons trop tard pour partir sur l’eau, alors nous campons au bord du lac de la Mariée, au spot C32. La rivière qui se jette dans le lac a des allures de contes et je me mets à rêver que je suis coureuse des bois.


Nous préparons notre bivouac, coupons du bois morts trouvés au sol pour notre feu de camps où cuira un bon souper. Je sens que ces 4 jours en nature vont me faire du bien, loin des tracas sociétaux de la vie urbaine.


Le Québec est parcouru par plus de 500 000 lacs et 4 500 rivières... Ce qui représente 3% de la ressource en eau douce du monde.


Jour 2 : Traversée du lac de la Marié, jusqu’au barrage Maurice pour rejoindre le lac Glouton puis le lac Adrien.


10 km de canot, et deux portages assez difficiles qui demandent plusieurs allers-retours.


Nous organisons le stock entre notre canot et le kayak de notre ami Pat. Nous transportons avec nous :

  • 1 baril étanche de nourriture et de nécessaire de cuisine

  • 1 baril étanche de matériel de bivouac, de réparation, de sécurité nautique et de chaussures

  • Plusieurs ‘’drybag’’ permettant de garder au sec les vêtements, les sacs de couchage et le nécessaire d’hygiène.

  • Deux cordes, pour attacher le stock en cas de besoin dans les sections à rapides et qui serviront à l’installation des bâches sur le campement.

  • Une pagaie et un aviron supplémentaires.

  • Une pompe à eau

  • Une vache à eau de 6 litres

  • Une grille à BBQ

Nous longeons au petit matin le lac de la Mariée sur 6,5 km. Il fait un soleil radieux, mais il fait froid. Les mains m’engourdissent rapidement et peine à se réchauffer. Mais je suis heureuse dans cette nature et cette vaste étendue d’eau. Chaque coup de pagaie me réchauffe un peu plus.


L’allure de supers héros de mes compagnons en collant hydrofuge me fait rire. Tony devient alors Peter Prout et Patrice, c’est Pat Patrouille. Ils se moquent de moi en retour et me surnomme Lara Croche, avec ma longue tresse et mon pantalon moulant de néoprène… Le charisme de Lara Croft est bafoué. Maudite belle gang que voilà !


La quiétude des lieux est enivrante. On se laisse porter par cette beauté avec pour seul fond sonore, le glissement de nos embarcations sur l’eau et le cri des huards.


Arrivée au barrage Maurice, le portage est intense. C’est le premier. Notre technique n’est pas encore rodée, mais nous utilisons celle des portageurs autochtones, qui jadis, parcouraient ces lieux de chasse. Trois allers-retours sont nécessaires… Une pause diner s’impose.


Au campement du lac Adrien en fin de journée, nous débarquons le matériel et partons allègés pour observer le portage que nous aurons à faire demain matin. Le lac joint un autre par un petit goulot d’étranglement. L’eau sera trop basse pour pagayer. De retour au campement, nous nous organisons naturellement et chacun s’occupe d’une tâche :

- Sécuriser les embarcations

- Installer les tentes et les bâches

- Trouver du bois au sol, le fendre et démarrer un feu

- Réhydrater le souper avant sa cuisson


Une fois ces tâches remplies, c’est le moment de se changer avec des vêtements douillets et chauds, se poser autour du feu et relaxer, en terminant par une des tâches les plus essentielles : Faire bouillir la grande gamelle d’eau de lac pour avoir de l’eau potable demain.


Au moment du coucher… la pluie torrentielle…


L'eau occupe 12% du territoire québécois.



Jour 3 : Lac Adrien, lac de la Belle et lac Moncouche :


Un 9 km de pagaie contre un fort vent et des vagues et 2 portages sur roches.


La pluie a duré toute la nuit. Ce matin, c’est torrentiel, mais nos équipements sont à toute épreuve, le personnel comme celui de mon collaborateur et partenaire Locapaq qui nous fournit du matériel de qualité ! Nous attendons encore un peu dans la chaleur de nos sacs de couchage que ça se calme un peu. Nous avalons notre gruau à l’abri, puis nous rangeons méticuleusement sous la bâche tout notre équipement afin de le garder au sec. La pluie cesse à notre départ.


Les truites sautent hors de l’eau et brisent le silence qui règne sur la surface… Sous celle-ci, ça grouille de vie. Je m’étonne encore tristement d’entendre si peu de chants d’oiseaux… Leur diminution dans la monde entier se fait sentir, révélant la dégradation des écosystèmes ou encore la disparition latente d’une des bases de la chaine alimentaire pulvérisées par les pesticides, les insectes. Je me souviens de mes ballades en nature quand j’étais enfant. Les forêts étaient alors la grande scène d’un concerto en La mineur, une symphonie mariant Beethoven et Mozart, de l’aube jusqu’au crépuscule.


La pluie torrentielle s’abat de nouveau sur nous alors que nous traversons le lac Adrien, entre eau profonde et amoncellements de roches. C’est encore plus magique, cette ambiance brumeuse. Le vent fort et les vagues de face nous ralentissent. Nous avançons à pagaie de tortue et devons doubler nos énergies. Oui… c’est la nature qui a toujours le dernier mot. La résilience et l’adaptation nous permettent cependant d’en faire un allier pour arriver à bon port avec le sourire aux lèvres.


À la tête du lac, un portage nous attend. Notre technique s’affine de jour en jour. Les gars sont impressionnants. Moi, la boiteuse blessée, je ne porte qu’un peu de matériel sur le dos et les encourage avec vigueur à travers branches et racines.


Nous replaçons le stock et glissons sur le lac de La Belle toujours avec ce vent de face. Un portage surprise sur la boue et la roche nous ralentie, mais les lacs s’enchainent. Pour atteindre le lac Moncouche, nous traversons un deuxième portage assez difficile finissant par une descente abrupte jonchée de racines. Mais le paysage parsemé d’îles sur cet immense lac en vaut la chandelle. Nous arrivons au campement avec peu de kilomètres au compteur, mais beaucoup d’énergie dépensée à contrer le vent. On blague en se disant que le lac Moncouche n’a pas réussi à nous coucher !


Le vent nous est cependant utile : il sèche nos vêtements. Notre rituel d’installation de bivouac et de préparation du repas s’en suit. Notre synergie à trois est naturelle, facile et vraiment agréable. Il est si important d’être bien avec ses partenaires d’aventure : La complicité, la bienveillance entre les uns et les autres, la confiance … Peu importe qu’on arrive à destination, quand on cette symbiose, pour moi l’expédition est déjà réussie. Le voyage n’est pas la destination en soit, ce n’est pas l’objectif, mais le chemin qu’on parcourt pour y arriver, et surtout celui qu’on parcourt ensemble main dans la main.


4 personnes sur 10 souffrent de la raréfaction de l'eau sur la planète. Une autre tragédie aussi, se cache sous la surface de l’eau : celle de la disparition des petits insectes et invertébrés d’eau douce, à la base de la chaîne alimentaire...


Jour 4 : Lac Moncouche et ses méandres, jusqu’à l’embouchure du lac Miaingard puis retour sur le lac de la Mariée :


14 km de canot comprenant un long portage.


Réveil matin. Les rayons de soleil percent la toile de notre tente… Yessss , il semble faire beau. Ce matin, le vent est de notre bord. Il pousse les embarcations si rapidement que j’ai l’impression de ne faire aucun effort. Nous filons à une telle allure sur l’eau, que les truites doivent être jalouses. Je ressens de plus en plus les bienfaits de la vie en pleine nature sauvage. Mon corps s’équilibre, s’énergise, les douleurs se font moins aigues.


L’étendue d’eau du lac Moncouche est si bleue, si profonde. Je me mets à penser qu’avec le matériel que nous avons, au milieu de cette si grande étendue d’eau, loin du bord, si le canot renversait, il sombrerait dans ces profondeurs en temps de le dire et nous ne pourrions rien y faire.


Nous arrêtons diner sur une petite île agréablement protégée par une petite baie. Le soleil nous chauffe la couenne. On se prend au jeu et nous nous allongeons pour une petite sieste.


Nous pagayons ensuite sur le lac Maingard, mais arrivés au point prévu pour bivouaquer, la journée est encore jeune. Nous décidons donc de pousser plus loin et de faire deux journées en une.


Pour rejoindre le prochain lac, un rapide de type R2 est à traverser. J’entends les accélérations d’eau au loin. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles. J’aime canoter, j’aime les rapides, j’aime améliorer ma technique auprès de mon excellent professeur et amoureux. Ce rapide est court, mais vraiment sympathique. J’en veux encore. Un deuxième rapide nous attend à la jonction du lac Maingard et le lac de la Mariée. Une pancarte semble se dresser aux abords de l’accélération d’eau. ‘’Rapides dangereux, portage obligatoire’’…. Ha mince… Moi qui avais envie de dopamine et d’adrénaline dans le corps !



Nous débarquons de nos montures flottantes pour aller examiner la rivière. En effet, la hauteur d’eau et les roches innombrables qui s’enchainent ne dessinent pas une ligne claire à canoter. Encore moins lourd de matériel. On s’abreuve de la beauté des lieux, puis on enchaine avec cet autre rituel qui s’est installé dans notre routine depuis 4 jours, celle du portage.


Nous embarquons à nouveau sur le lac de la Mariée afin de rejoindre tranquillement le 1er bivouac qui nous a vus arriver 3 jours auparavant.


Cette petite expédition fut contemplative, relaxe. Un moment pour juste ÊTRE et RESSENTIR. Vivre au rythme de la nature, de l’eau, comme le faisait nos ancêtres et comme le font encore certaines communautés autochtones. L’objectif n’était ni de performer, ni d’avaler les kilomètres, mais seulement prendre conscience de notre lien avec la nature, avec les éléments et une ressource qui à l’aube d’un réchauffement plantaire de 1,5 degré, va se raréfier, se tarir…


Prendre rendre conscience que nous avons tous un rôle à jouer pour conserver cette ressource inestimable et précieuse : L’EAU. Que feront-nous, quand cette ressource inestimable s’amenuisera chez nous ? Allons-nous attendre qu’il soit trop tard ?

Posts récents

Voir tout
bottom of page